Démocratie participative : ils se mêlent
de ce qui les regarde !
Dante Sanjurjo
Les militants de la démocratie
participative se retrouvent à Dijon les 20 et 21 octobre.
Élus, citoyens ou membres d’associations, ils recherchent de
nouvelles formes de contrat social pour changer le monde, ici
et maintenant.
Crise sociale et fracture
civique : le thème des 10es Rencontres de la démocratie
locale, les 20 et 21 octobre à Dijon, n’est pas sans lien avec
le fait qu’elles seront les premières à avoir lieu après les
émeutes de novembre 2005. Près de mille participants sont
attendus pour ce rendez-vous organisé par l’Association pour
la démocratie et l’éducation locale et sociale (Adels),
l’Union nationale des acteurs et des structures du
développement local (Unadel), l’association Dossiers et débats
pour le développement durable (4D) et la Fédération des
centres sociaux et socioculturels de France. Une audience
jamais atteinte. Militants associatifs, élus de collectivités
locales, techniciens municipaux, simples membres de conseils
de quartier ou d’autres instances de décision participatives
feront le déplacement pour échanger leurs expériences et en
débattre.
Quarante personnes viendront
notamment de Roubaix, où les premiers comités de quartier
autonomes sont nés en 1977. La même année que la Commission
extramunicipale des populations étrangères, organe consultatif
créé pour qu’accèdent à la citoyenneté ceux qui n’ont pas le
droit de vote (plus de 100 communautés sont présentes à
Roubaix). La ville a aussi un Conseil jeunes, des conseils de
quartier, un fonds de participation des habitants alimenté par
la Ville et la Région, avec 200 000 euros gérés par les
Roubaisiens eux-mêmes pour subventionner des microprojets qui
créent du lien social.
« La démocratie
participative est née de la mobilisation sociale, puis, en
2001, un service dédié a été mis en place à la mairie,
explique sa responsable, Sarah Bennaceur. Mon
rôle est l’accompagnement et l’animation de ces dispositifs,
je sers de courroie de transmission avec les élus. »
Ces mécanismes ont-ils permis de limiter les tensions en
novembre 2005 ? « Il n’y a pas eu
beaucoup d’échauffourées ici, mais la tension est forte depuis
l’an dernier, surtout à cause du manque de financement pour
les associations, avec la baisse du Fonds social européen et
la fin de la politique de la Ville. Nous avons un taux de RMI
record, mais la démocratie participative réduit la crise
sociale. L’engagement citoyen permet à de nombreuses personnes
de trouver une utilité sociale au sein de la
cité. »
« Les citoyens
en ont assez d’être des intermittents de la citoyenneté, à qui
l’on demande leur avis tous les cinq ou sept ans, analyse
Thérèse Thiery, maire de Lanester (Morbihan, 23 000
habitants), élue en 2001 sur une liste associative. Tout un chacun est capable d’avoir des idées ;
la politique n’appartient pas aux hommes et aux femmes
politiques, mais à ceux qui s’en emparent. La démocratie
participative n’est pas une assurance-vie contre tous les
maux, mais une démarche de reconnaissance. Pour prendre leurs
décisions, les élus s’entourent d’experts de toutes
sortes ; les citoyens doivent en faire
partie. »
Outre des conseils de quartier, la
ville est désormais dotée d’assises de la citoyenneté qui,
tous les deux ans, évaluent dans tous les domaines le contrat
de mandature sur lequel l’équipe municipale a été élue. « Pour changer le monde, il faut un point
d’appui, explique Olivier Dulucq, délégué général de
l’Unadel, et beaucoup de
mouvements sociaux sont un peu hors sol. Les militants de la
démocratie locale militent pour des revendications qui les
intéressent personnellement ou contre un projet précis, mais
ils se mobilisent aussi dans l’idée de changer les choses
concrètement dans leur cité. » Que pense-t-il du fait
que la démocratie participative semble avoir le vent en poupe
auprès de responsables politiques nationaux ? « Il y a beaucoup de discours, mais je ne suis
pas sûr qu’ils soient sincères. La démocratie représentative a
besoin de renouer avec les citoyens et, en résumé, elle peut
le faire à travers les associations ou à travers les sondages.
Malheureusement, nous allons plutôt vers une démocratie
d’opinion que vers une démocratie
participative. »>
Adels, 01 43 55 40 05, www.adels.org ;
FCSF, 0 825 826 244,
www.centres-sociaux.asso.fr ;
4D, 01 44 64 74 94,
www.association4d.org ;
Unadel, 01 41 71 30 37, www.unadel.asso.fr
(1) Lire Renouveler la démocratie... Oui, mais
comment ?, Serge Depaquit, éd. Adels, 130 p, 11
euros. |