jeudi 12 octobre 2006

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Action
Démocratie participative : ils se mêlent de ce qui les regarde !

Dante Sanjurjo

Les militants de la démocratie participative se retrouvent à Dijon les 20 et 21 octobre. Élus, citoyens ou membres d’associations, ils recherchent de nouvelles formes de contrat social pour changer le monde, ici et maintenant.

Crise sociale et fracture civique : le thème des 10es Rencontres de la démocratie locale, les 20 et 21 octobre à Dijon, n’est pas sans lien avec le fait qu’elles seront les premières à avoir lieu après les émeutes de novembre 2005. Près de mille participants sont attendus pour ce rendez-vous organisé par l’Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (Adels), l’Union nationale des acteurs et des structures du développement local (Unadel), l’association Dossiers et débats pour le développement durable (4D) et la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France. Une audience jamais atteinte. Militants associatifs, élus de collectivités locales, techniciens municipaux, simples membres de conseils de quartier ou d’autres instances de décision participatives feront le déplacement pour échanger leurs expériences et en débattre.

Quarante personnes viendront notamment de Roubaix, où les premiers comités de quartier autonomes sont nés en 1977. La même année que la Commission extramunicipale des populations étrangères, organe consultatif créé pour qu’accèdent à la citoyenneté ceux qui n’ont pas le droit de vote (plus de 100 communautés sont présentes à Roubaix). La ville a aussi un Conseil jeunes, des conseils de quartier, un fonds de participation des habitants alimenté par la Ville et la Région, avec 200 000 euros gérés par les Roubaisiens eux-mêmes pour subventionner des microprojets qui créent du lien social.

« La démocratie participative est née de la mobilisation sociale, puis, en 2001, un service dédié a été mis en place à la mairie, explique sa responsable, Sarah Bennaceur. Mon rôle est l’accompagnement et l’animation de ces dispositifs, je sers de courroie de transmission avec les élus. » Ces mécanismes ont-ils permis de limiter les tensions en novembre 2005 ? « Il n’y a pas eu beaucoup d’échauffourées ici, mais la tension est forte depuis l’an dernier, surtout à cause du manque de financement pour les associations, avec la baisse du Fonds social européen et la fin de la politique de la Ville. Nous avons un taux de RMI record, mais la démocratie participative réduit la crise sociale. L’engagement citoyen permet à de nombreuses personnes de trouver une utilité sociale au sein de la cité. »

« Les citoyens en ont assez d’être des intermittents de la citoyenneté, à qui l’on demande leur avis tous les cinq ou sept ans, analyse Thérèse Thiery, maire de Lanester (Morbihan, 23 000 habitants), élue en 2001 sur une liste associative. Tout un chacun est capable d’avoir des idées ; la politique n’appartient pas aux hommes et aux femmes politiques, mais à ceux qui s’en emparent. La démocratie participative n’est pas une assurance-vie contre tous les maux, mais une démarche de reconnaissance. Pour prendre leurs décisions, les élus s’entourent d’experts de toutes sortes ; les citoyens doivent en faire partie. »

Outre des conseils de quartier, la ville est désormais dotée d’assises de la citoyenneté qui, tous les deux ans, évaluent dans tous les domaines le contrat de mandature sur lequel l’équipe municipale a été élue. « Pour changer le monde, il faut un point d’appui, explique Olivier Dulucq, délégué général de l’Unadel, et beaucoup de mouvements sociaux sont un peu hors sol. Les militants de la démocratie locale militent pour des revendications qui les intéressent personnellement ou contre un projet précis, mais ils se mobilisent aussi dans l’idée de changer les choses concrètement dans leur cité. » Que pense-t-il du fait que la démocratie participative semble avoir le vent en poupe auprès de responsables politiques nationaux ? « Il y a beaucoup de discours, mais je ne suis pas sûr qu’ils soient sincères. La démocratie représentative a besoin de renouer avec les citoyens et, en résumé, elle peut le faire à travers les associations ou à travers les sondages. Malheureusement, nous allons plutôt vers une démocratie d’opinion que vers une démocratie participative. »

Adels, 01 43 55 40 05, www.adels.org ;

FCSF, 0 825 826 244, www.centres-sociaux.asso.fr ;

4D, 01 44 64 74 94, www.association4d.org ;

Unadel, 01 41 71 30 37, www.unadel.asso.fr

(1) Lire Renouveler la démocratie... Oui, mais comment ?, Serge Depaquit, éd. Adels, 130 p, 11 euros.

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